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mécomptes dans sa vie publique et peu de contrariétés dans son intérieur. Ce qui lui avait manqué, depuis qu’il avait les jouissances d’ordre et de sécurité de l’âge mûr, c’était l’imprévu, qu’il prétendait, qu’il croyait peut-être haïr, mais dont il éprouvait le besoin, en raison d’une imagination vive et d’une grande flexibilité de talent. Il se sentait donc en ce moment tout ragaillardi, sans bien savoir pourquoi, et il regrettait que la pièce fût finie, car, bien que fatigué et baigné de sueur, il trouvait dans son cerveau dix actes nouveaux à jouer encore.

— Ah çà ! dit-il à Christian, je me repose, et vous voilà rangeant, travaillant… Ne puis-je vous aider ?

— Non, non, monsieur Goefle ; vous ne sauriez pas. Voyez, d’ailleurs, cela est fait. Avez-vous trop chaud maintenant pour songer à vous remettre en marche pour le Stollborg ?

— Pour le Stollborg ? Est-ce que nous allons tristement nous coucher, excités comme nous le sommes ?

— Quant à cela, monsieur Goefle, vous êtes bien le maître de sortir de ce château par la porte dérobée, d’y rentrer par la cour d’honneur, et d’aller prendre votre part du souper qui sonne et des divertissements qui se préparent probablement pour le reste de la soirée. Pour moi, mon rôle est terminé