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n’eut plus de doutes, et pourtant Christian Goefle ne lui avait pas dit un seul mot d’amour. Elle garda ses réflexions pour elle seule, et, lorsque Olga, qui était froide et railleuse, lui poussa le coude en lui demandant si elle pleurait, l’innocente enfant répondit avec une profonde hypocrisie qu’elle était fort enrhumée et qu’elle se retenait de tousser.

Quant à Olga, elle était bien autrement dissimulée : elle affectait, après la pièce, un grand mépris pour ce petit personnage d’amoureux transi, et pourtant le cœur lui avait battu violemment ; car, chez certaines Russes, la froideur des calculs n’exclut pas l’ardeur des passions. Olga s’était jetée avec résolution dans la convoitise cupide ; elle n’en éprouvait pas moins, en dépit d’elle-même, une secrète horreur pour le baron depuis qu’elle s’était fiancée avec lui. Lorsqu’il lui adressa la parole après la pièce, sa voix âpre et son regard glacé lui donnèrent le frisson, et elle se rappela, comme malgré elle, la douce voix et les vives paroles de Christian Waldo.

De son côté, le baron semblait de fort bonne humeur. Le fâcheux personnage de don Sanche, qui devait reparaître à la fin de la pièce, avait été prudemment supprimé par M. Goefle. Entre le premier et le second acte, cette modification avait été introduite de concert avec Christian. On avait imaginé de