Page:Sand - L Homme de neige vol 2.djvu/21

Cette page n’a pas encore été corrigée

goûtaient, je les repoussai. Il se fâcha, il voulut se battre avec moi ; je refusai avec mépris. Il voulut me souffleter ; je fus forcé de lui donner des coups de canne. Le lendemain, il m’écrivit pour me demander pardon ; mais j’étais las de lui, et, comme je le rencontrais partout, quelquefois même en bonne compagnie (Dieu sait comment il venait à bout de s’y introduire), je craignis d’être compromis par quelque filouterie de son fait. Je ne me sentis pas l’égoïste courage de faire chasser honteusement un homme que j’avais aimé, je préférai me retirer moi-même et quitter la partie. Heureusement, j’étais enfin à même d’avoir quelques bonnes recommandations, entre autres celles de Comus, qui, à cette époque, faisait fureur à Paris avec ses représentations de catoptrique, c’est-à-dire de fantasmagorie par les miroirs, où, au lieu de montrer des spectres et des diables, il ne faisait apparaître que des choses agréables et de gracieuses images. Ses grands talents et l’habitude de l’observation lui avaient donné une telle connaissance de la physionomie de l’homme et du cœur humain, qu’il lisait dans les pensées et semblait doué du sens divinatoire. Enfin l’étude profonde de l’algèbre le mettait à même de résoudre, sous la forme de tours divertissants et ingénieux, des problèmes que le vulgaire ne pouvait approfondir, et