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— Ils sont toujours au moins quatre, disait le lieutenant.

— Non, reprenait le major, ils sont deux, le maître et le valet ; mais le valet est une brute qui parle rarement et qui n’a pas encore ouvert la bouche.

— Pourtant, écoutez, les voilà qui parlent ensemble. J’entends deux voix distinctes.

— Pure illusion ! reprenait l’enthousiaste Larrson. C’est Christian Waldo tout seul qui sait faire deux, trois et quatre personnes à la fois, peut-être plus, qui sait ? C’est un diable !… Mais écoutez donc la pièce ; ce n’est pas le moins curieux. Il fait des pièces que l’on voudrait retenir par cœur pour les écrire.

Nous ne nous chargeons pourtant pas de raconter ladite pièce au lecteur. Ces boutades fugitives sont comme toutes les improvisations oratoires ou musicales. On se trompe toujours en croyant qu’elles auraient la même valeur si elles étaient transcrites et conservées. Elles n’existent que par l’imprévu, et on se les rappelle avec d’autant plus de charme, qu’on n’en a gardé réellement qu’un souvenir confus, et que l’imagination les embellit après coup. Il y avait de la verve, de la couleur et du goût dans tout ce qui venait à l’esprit de Christian dans ces moments-