Page:Sand - L Homme de neige vol 2.djvu/202

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Par amitié, si vous voulez : vous me plaisez ; mais je mentirais si je disais que ce que nous faisons là m’ennuie. Au contraire, il me semble que cela va me divertir énormément. D’abord, la pièce est charmante, comique au possible et attendrissante par moments. Vous avez bien fait de l’arranger de manière à éviter toute allusion. Allons, Christian, il faut répéter ; nous n’avons plus qu’une demi-heure. Dépêchons-nous. Sommes-nous bien enfermés ici ? Personne ne peut-il nous voir ni nous entendre ?

Christian dut empêcher M. Goefle de fatiguer sa voix et de dépenser sa verve à la répétition. Les scènes étant indiquées en quelques mots sur la pancarte ; il suffisait d’échanger deux ou trois répliques pour tenir le fond de la situation sur laquelle on improviserait devant le public. Il s’agissait de bien placer les acteurs dans l’ordre voulu, sur la planchette de débarras, pour les reprendre sans se tromper lorsqu’on aurait à les faire paraître, de les présenter alternativement sur la scène en convenant du motif de leurs entrées et de leurs sorties comme de la substance de leur entretien, et de laisser le dialogue et les incidents à l’inspiration du moment. M. Goefle était le plus charmant et le plus intelligent compère que Christian eût jamais rencontré ; aussi fut-il électrisé par son concours, et, quand il entendit sonner