Page:Sand - L Homme de neige vol 2.djvu/201

Cette page n’a pas encore été corrigée

enfin l’occasion de vivre en homme sérieux. L’important ici, et je dis cela uniquement à cause de vous, monsieur Goefle, c’est que l’homme du bal de cette nuit, votre prétendu neveu, ne soit pas reconnu sous le masque de Waldo. Or, Massarelli n’était pas ici la nuit dernière, j’en suis certain, et il ne sait rien de mon aventure. Il s’en fût vanté à moi. Dans tous les cas, d’ailleurs, vous n’aurez qu’à répéter et à affirmer encore la vérité, à savoir que vous n’avez jamais eu ni neveu ni fils naturel, et que vous n’êtes, en aucune façon, responsable des tours que le farceur Christian Waldo s’amuse à jouer dans le monde.

— Quant à moi, après tout, je m’en moque ! reprit M. Goefle en se débarrassant de sa perruque et en couvrant sa nuque d’un léger bonnet noir que lui présentait Christian. Me croyez-vous si poltron que je me soucie du croquemitaine de ce château ? Tenez, Christian, je vais débuter comme montreur de marionnettes, operante, ainsi que vous dites. Eh bien, si jamais on vous reproche d’avoir fait le saltimbanque pour vivre au profit de la science, vous pourrez dire : « J’ai connu un homme qui exerçait avec honneur une profession grave… et qui m’a servi de compère pour son plaisir. »

— Ou plutôt par bonté pour moi, monsieur Goefle !