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pour l’imprudent Christian, Guido n’était pas brave, et il se tint à distance, prêt à fuir si son adversaire faisait mine de lui donner un à-compte sur le payement promis.

— Voyons, Christian, reprit-il quand il pensa que le jeune homme avait exhalé son premier ressentiment, parlons froidement avant d’en venir aux extrémités. Je suis prêt à te rendre raison de mes procédés envers toi ; tu n’as donc pas bonne grâce à outrager en vaines paroles un homme que tu sais bien ne pouvoir effrayer.

— Tu me fais pitié ! répondit Christian irrité, en allant droit à lui. Te demander raison à toi, le lâche des lâches ? Non, Guido, on soufflette un homme de ton espèce ; après quoi, s’il regimbe, on le roue de coups comme un chien ; mais on ne se bat pas avec lui, entends-tu ? Baisse le ton, baisse les yeux, canaille ! À genoux devant moi, ou, dès à présent, je te frappe !

Guido, devenu pâle comme la mort, se laissa tomber à genoux, sans rien dire ; de grosses larmes de peur, de honte ou de rage coulaient sur ses joues.

— C’est bon, lui dit Christian, partagé entre le dégoût et la pitié ; à présent, lève-toi et va-t’en : je te fais grâce ; mais ne te retrouve jamais sur mon che-