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que l’on se donne la peine de faire, s’agît-il de tailler des cure-dents. »

Christian était donc absorbé par ses préparatifs. Après avoir jeté un coup d’œil de précaution dans la galerie déserte, il plaça provisoirement son châssis dans l’embrasure avec toute sa décoration et son éclairage, et, passant dans la partie destinée au public, il s’assit à la meilleure place, afin de juger l’effet de sa perspective et d’y conformer les entrées et les mouvements de ses personnages.

C’était un repos de deux ou trois minutes dont il avait d’ailleurs besoin. Un peu endurci aux rigueurs de tous les climats, il se fatiguait vite d’agir dans l’atmosphère étouffante des intérieurs du Nord. Il avait à peine dormi quelques heures sur un fauteuil la nuit précédente, et, soit les émotions de la journée, soit la course qu’il venait de faire sur la glace avec un professeur de géologie sur les épaules, il fut surpris par un de ces vertiges de sommeil instantané qui vous font passer de la réalité au rêve sans transition appréciable. Il lui sembla qu’il était dans un jardin par une chaude journée d’été, et qu’il entendait crier le sable sous un pied furtif. Quelqu’un approchait de lui avec précaution, et ce quelqu’un, qu’il ne voyait pas, il avait la certitude intuitive que c’était Marguerite. Aussi son réveil se fit-il sans