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— Misérable ! s’écria d’une voix entrecoupée le savant, dont la terreur et la lassitude étaient au comble, tu viens m’assassiner, je le vois ! Oui, tu es payé par mes envieux pour éteindre la lumière du monde. Laisse-moi, malheureuse brute, ne me touche pas ! Songe sur qui tu vas porter la main !…

— Allons, allons, calmez-vous donc, monsieur Stangstadius, dit Christian en riant de sa frayeur, et connaissez mieux les gens qui veulent vous rendre service. Voyons, montez sur mon dos et dépêchons-nous, car je me suis mis en sueur à vous poursuivre, et je n’ai pas envie de me refroidir.

Stangstadius céda avec beaucoup de répugnance ; mais il se rassura en voyant le robuste jeune homme l’enlever légèrement et le porter jusqu’au rivage. Là, Christian le déposa sur ses pieds et se remit en marche pour échapper à sa générosité ; car, dans sa reconnaissance, le bon Stangstadius cherchait dans sa poche une petite pièce de monnaie de la valeur de deux sous, persuadé que c’était royalement payer un être qui avait eu le bonheur de lui rendre service.