ce que tu mérites… Je veux que tu saches que je suis bon ; je suis le meilleur des hommes, et je te fais grâce.
— Bah ! reprit Christian qui ne pouvait s’empêcher de se divertir un peu des figures hétéroclites qui se croisaient dans sa vie errante, je ne vous connais pas, et il vous plaît de vous faire passer pour qui vous n’êtes point. Un naturaliste, vous ? Allons donc ! Vous ne distinguez pas seulement un cheval d’un âne ?
— Un âne ? reprit Stangstadius, heureusement distrait de sa fantaisie d’équitation ; tu prétends avoir là un âne ?…
Et il promena sa lanterne autour de Jean, qui, grâce aux soins de son maître, était si bien enveloppé de peaux de divers animaux, qu’il était vraiment d’un aspect fantastique.
— Un âne ? Cela ne se peut point ; un âne ne vivrait point sous cette latitude… Ce que tu appelles un âne, dans ta crasseuse ignorance, n’est tout au plus qu’une sorte de mulet !… Voyons, je veux m’en assurer ; ôte-lui toutes ces peaux d’emprunt.
— Tenez, monsieur, dit Christian : Stangstadius ou non, vous m’ennuyez… Je n’ai pas le temps de causer ; bonsoir.
Là-dessus, il chatouilla d’une houssine les jarrets du fidèle Jean, qui prit le trot, et tous deux laissè-