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envoi, qui ne me parvint jamais. Ni le cardinal ni mon jeune élève ne répondirent à mes lettres, et les autres se bornèrent à quelques stériles témoignages d’intérêt, sans vouloir se compromettre jusqu’à me recommander aux gens en crédit de ma nation qui se trouvaient à Paris. Ils me conseillèrent même de ne pas attirer sur moi l’attention de notre ambassadeur, lequel se croirait peut-être obligé, pour l’honneur de sa famille (il était parent de Marco Melfi), de solliciter du roi de France à mon intention une petite lettre de cachet.

» Quand je vis quelle était ma situation, je ne comptai que sur moi-même ; mais croyez, monsieur Goefle, que j’eus quelque mérite à rester honnête homme dans un pareil abandon et avec la cruelle vie qu’il faut mener dans une ville de luxe et de tentations comme Paris ! J’avais été naguère l’hôte des palais, sous un ciel splendide, puis l’insouciant voyageur à travers des paysages enchantés ; je n’étais plus que le morne et mélancolique habitant d’une mansarde, aux prises avec le froid, la faim, et quelquefois le dégoût et le découragement. Pourtant, grâce à Dieu et à mes bonnes résolutions, je me tirai d’affaire, c’est-à-dire que je ne trompai personne et ne mourus pas de misère. Je réussis à faire imprimer quelques opuscules qui ne me rapportèrent