poltron de ce personnage problématique ? N’en aurai-je pas le cœur net une bonne fois ? Sera-t-il dit qu’un aventurier, c’est-à-dire un beau et bon enfant du hasard, digne à coup sûr d’un meilleur sort, trouvera, dans son insouciance, le courage de braver un puissant ennemi, tandis que moi, serviteur officiel de la vérité, défenseur attitré de la justice humaine et divine, je m’endormirai dans une paresse égoïste voisine de la lâcheté ?… Christian ! ajouta M. Goefle en se rasseyant, mais toujours très-exalté, passons au deuxième acte, et faisons une pièce terrible ! Que vos marionnettes s’illustrent aujourd’hui ! qu’elles deviennent des personnages sérieux, de vivantes images, des instruments de la destinée ! que, comme dans la tragédie d’Hamlet, ces acteurs représentent un drame qui fasse frémir et pâlir le crime triomphant, à la fin démasqué ! Voyons, Christian, à l’œuvre ! Supposons… tout ce que l’on suppose dans ce pays-ci sur le compte du baron : qu’il a empoisonné son père, assassiné son frère, fait mourir de faim sa belle-sœur…
— Oh ! justement dans cette chambre !… dit Christian, qui rêvait un décor de troisième acte… Voyez quelle belle scène à faire ! Je suppose que l’enfant… Puisque nous supposons un enfant, supposons que le fils de la duchesse revienne au bout