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poitrine, personne ne la verra, et que vous jouerez pour vous seul ! Regardez-moi : il faut que votre main dépasse votre tête. Allons, à nous deux, un dialogue ! Je suis l’avocat de la partie adverse, et je vous interromps, en proie à une indignation qui ne se contient plus. « Je ne puis en écouter davantage, et, puisque les juges endormis sur leurs siéges supportent un pareil abus de la parole humaine, en dépit de l’éloquence spécieuse de mon illustre et redoutable adversaire, je… » Interrompez-moi donc, monsieur Goefle ! il faut toujours interrompre !

— « Avocat, s’écria M. Goefle, vous n’avez pas la parole. » Je fais le juge.

— Très-bien ! mais alors changez de voix.

— Je ne saurais…

— Si fait ! Vous avez une main libre, pincez-vous le nez.

— Fort bien, dit M. Goefle en nasillant… « Avocat de la partie adverse, vous parlerez à votre tour… »

— Bravo ! « Je veux parler tout de suite ! je veux confondre les odieux sophismes de mon adversaire !… »

— « Odieux sophismes ! »

— Très-bien, oh ! très-bien ; le ton courroucé !… Je réplique : « Orateur sans principes, je te traduirai