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partir, sans tambour ni trompette, pour quelque ville où je me mettrai en quête d’un autre valet pouvant me servir de compère, et assez pieux pour tenir le serment, que j’exigerai de lui, de ne jamais boire que de l’eau, le vin coulât-il par torrents dans les montagnes de la Suède !

— Diable ! diable ! dit M. Goefle, vivement contrarié de l’idée de perdre son compagnon de chambre… Si je croyais pouvoir faire agir un peu ces bonshommes ;… mais, bah ! je ne saurai jamais.

— Rien n’est pourtant plus facile. Essayez : l’index dans la tête, le pouce dans un bras, le doigt du milieu dans l’autre bras… Mais vous y êtes ! c’est cela ! Voyons, saluez, levez les mains au ciel !

— Ce n’est rien, cela ; mais mettre le geste d’accord avec la parole ! et puis que dire ? Je ne sais improviser que le monologue, moi !

— C’est déjà beaucoup. Tenez, plaidez une cause ; élevez ce bras, oubliez que vous êtes M. Goefle, ayez l’œil sur la figurine que vous faites mouvoir. Parlez, et tout naturellement les gestes que feraient vos bras et toute l’attitude de votre personne vont se reproduire au bout de vos doigts. Il ne s’agit que de se pénétrer de la réalité du burattino, et de transporter votre individualité de vous à lui.

— Diantre ! cela vous est facile à dire ; mais quand