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qu’on le dit capable de faire mourir les gens qu’il redoute : qu’en pensez-vous ?

Les traits de Stenson exprimèrent la surprise ; mais il sembla, cette fois, à M. Goefle que c’était une surprise de commande et de pure convenance, car une secrète anxiété succéda visiblement. Stenson était habile à se contenir, sinon à dissimuler.

— Stenson, lui dit l’avocat avec l’énergie de la sincérité et en lui prenant les deux mains, je vous le répète : un secret vous pèse. Ouvrez-moi votre cœur comme à un ami, et comptez sur moi, s’il y a une injustice à réparer.

Stenson hésita quelques instants ; puis, ouvrant avec agitation un tiroir de son bureau, dont il prit la clef dans sa poche, il montra à M. Goefle une petite boîte cachetée en disant :

— Votre parole d’honneur ?

— Je vous la donne.

— Sur la sainte Bible ?

— Sur la sainte Bible !… Eh bien ?

— Eh bien !… si je meurs avant lui…, ouvrez, lisez et agissez… quand je serai mort !

M. Goefle jeta les yeux sur la boîte ; il y vit son nom et son adresse.

— Vous aviez pensé à moi pour ce dépôt ? dit-il. Je vous en sais gré, mon ami ; mais, si votre vie est