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lui-même en faisant un grand effort de volonté, et, se levant, il salua M. Goefle avec sa politesse accoutumée, lui demanda de ses nouvelles et lui offrit son propre fauteuil, dont l’avocat refusa de le déposséder. En serrant sa main, M. Goefle la trouva tiède et humide de sueur ou de larmes, et se sentit ému. Il avait beaucoup d’estime et d’affection pour Sten, et il était habitué à lui témoigner le respect qu’il devait à son âge et à son caractère. Il voyait bien que le vieillard subissait une crise terrible, et qu’il la supportait avec dignité ; mais quel était donc ce secret qu’un inconnu à la figure suspecte et au langage cynique semblait tenir suspendu comme une épée de Damoclès au-dessus de sa tête ?…

Cependant Stenson avait repris son air grave, un peu froid et cérémonieux. Il n’avait jamais été expansif avec personne. Soit fierté, soit timidité, il était aussi réservé avec les gens qu’il connaissait depuis trente ans qu’avec ceux qu’il voyait pour la première fois, et son habitude de répondre par monosyllabes aux questions les plus sérieuses comme aux plus insignifiantes avait rendu très-surprenantes pour M. Goefle les quelques phrases suivies qu’il venait de lui entendre dire à l’inconnu.

— Je ne vous savais pas arrivé à Waldemora, monsieur l’avocat, dit-il ; vous venez pour le procès ?