marches d’une seule enjambée pour aller à son secours ; mais la voix italienne reprit avec le plus grand calme :
— Que voulez-vous que j’en fasse, monsieur Stenson ? Voyons, rassurez-vous, vous pouvez sortir de ce mauvais pas en cherchant vos vieux écus dans la vieille cachette qu’ont toutes les vieilles gens. Vous trouviez bien moyen de payer Manassé pour vous assurer de sa discrétion.
— Manassé était honnête. Ce traitement…
— N’était pas pour lui, je le présume ; mais il en jugeait autrement, car il l’a toujours gardé pour lui seul.
— Vous le calomniez !
— Quoi qu’il en soit, Manassé est mort, et l’autre…
— L’autre est mort aussi, je le sais.
— Vous le savez ? D’où le savez-vous ?
— Je n’ai pas à m’expliquer là-dessus. Il n’est plus, j’en ai la certitude, et vous pouvez dire au baron tout ce que vous voudrez. Je ne vous crains pas. Adieu ; je n’ai pas longtemps à vivre, laissez-moi penser à mon salut, c’est désormais la seule chose qui me préoccupe. Adieu ; laissez-moi, vous dis-je, je n’ai pas d’argent.
— C’est votre dernier mot ?… Vous savez que, dans une heure, je serai au service du baron ?