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il n’alla pas bien loin pour retrouver son valet et celui de M. Goefle. En pénétrant dans l’écurie, où l’idée lui vint de regarder avant de sortir du préau, il trouva Puffo et Nils ronflant côte à côte, et aussi complètement ivres l’un que l’autre. Ulphilas, qui portait mieux le vin, allait et venait dans les cours, assez content de n’être pas seul à l’entrée de la nuit, et donnant de temps en temps un coup d’œil fraternel à ses deux camarades de bombance. Christian comprit vite la situation. Nils, qui entendait le suédois et le dalécarlien, avait dû servir d’interprète entre les deux ivrognes ; leur amitié naissante s’était cimentée dans la cave. Le pauvre petit laquais n’avait pas eu besoin d’une longue épreuve pour perdre le souvenir de son maître, si tant est que ce souvenir l’eût beaucoup tourmenté jusqu’au moment où, chaudement étendu dans la mousse sèche qui sert de litière dans le pays, les joues animées et le nez en feu, il avait oublié, aussi bien que Puffo, tous les soucis de ce bas monde.

— Allons, dit M. Goefle à Christian, qu’il rencontra dans la cour et qui lui montra ce touchant spectacle, du moment que le drôle n’est pas malade, j’aime autant être débarrassé de mon service auprès de lui.

— Mais, moi, monsieur Goefle, reprit Christian