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et le baron n’a rien épargné pour qu’on satisfît tous ses désirs.

— Oui, au fait ! reprit Christian ; si l’homme est habile comme le dépeint votre récit, il n’aura pas voulu commettre un meurtre inutile. Il lui aura bien suffi de tuer cette pauvre femme par la peur ou par le chagrin. Cependant une autre version, monsieur Goefle, ma version à moi !…

— Voyons ?

— C’est qu’elle n’est peut-être pas morte.

— Voilà qui est impossible !… Et pourtant… on n’a jamais su où l’on avait mis son corps.

— Ah ! voyez-vous !

— Le ministre refusa de l’ensevelir dans le cimetière de la paroisse. Il n’y a point ici de cimetière catholique, et il paraît qu’on l’a enterrée nuitamment dans le verger de Stenson… ou ailleurs.

— Quoi ! Stenson ne vous l’a jamais dit ?

— Stenson ne veut pas qu’on l’interroge sur ce point. Le souvenir de la baronne lui est à la fois cher et terrible. Il l’a aimée sincèrement, il l’a servie avec zèle ; mais, quelles que fussent les croyances religieuses de cette dame, il ne s’explique pas à cet égard, et, quand on lui en parle, on l’effraye en même temps qu’on le navre.

— Fort bien ; mais que dit-il du baron ?