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belle-sœur. Pour la première fois, mon père manifesta un certain étonnement, un certain blâme. Il reprocha à Olaüs de prêter le flanc aux soupçons ; il lui dit que, s’il venait à être accusé, sa défense serait difficile. Le baron lui montra la double déclaration du ministre Mickelson, lequel, comme médecin et comme pasteur, attestait la fausseté de la grossesse et la mort de la baronne par suite d’une maladie très-bien exposée et très-bien soignée par lui, au dire de tous les médecins consultés depuis. En outre, il produisit une déclaration signée de la baronne, qui affirmait s’être fait illusion sur son état. Mon père examina rigoureusement cette pièce, la fit, en outre, examiner par des experts en écriture, et la trouva inattaquable. Je me souviens pourtant qu’il reprocha au baron de n’avoir pas fait venir au Stollborg dix médecins plutôt qu’un pour constater les faits à sa décharge. Cependant il ne soupçonna jamais le baron de crime ni d’imposture, et mourut dans cette opinion, peu de temps après.

» Il y eut des murmures contre le baron, qui commençait à se faire haïr ; mais bientôt il se fit craindre ; et, comme personne n’était directement intéressé à venger les victimes, aucune âme généreuse n’eut le courage de le braver. Quant à moi qui l’eusse fait, quoique bien jeune au barreau, et qui serais prêt à