Page:Sand - L Homme de neige vol 2.djvu/13

Cette page n’a pas encore été corrigée

homme d’environ trente-cinq ans, d’une constitution magnifique, aussi rigoureux de corps que d’esprit, aussi agile de ses membres qu’il était facile et attachant dans son langage, enfin un de ces êtres admirablement doués qui doivent sortir de l’obscurité. Il s’enquit de mon industrie et parut étonné que je fusse assez instruit pour pouvoir causer avec lui. Je lui confiai les circonstances où je me trouvais, et il me prit en amitié.

» Quand il eut assisté à notre représentation, à laquelle il prit grand plaisir, il nous invita à voir la sienne, dont je tirai grand profit ; car il avait plusieurs secrets qui sont bien à lui et qui ne sont autres qu’une application, entre mille, de découvertes d’une rare importance. Il voulut bien me les expliquer, et, me trouvant assez capable, il m’offrit de partager ses destins et ses aventures. Je refusai à regret et à tort : à regret, parce que Comus était un des hommes les meilleurs, les plus désintéressés et les plus sympathiques que j’aie jamais connus ; à tort, parce que ce physicien ambulant devait trouver bientôt l’emploi utile et sérieux de ses grands talents. J’avais juré à Massarelli de ne pas l’abandonner, et Massarelli n’avait aucune inclination pour les sciences.

» Cette rencontre, dont je ne sus pas profiter pour