Page:Sand - L Homme de neige vol 2.djvu/125

Cette page n’a pas encore été corrigée

» Olaüs partit, en effet, disant à tout le monde qu’il ne croyait pas un mot de cette grossesse, mais qu’il n’était nullement pressé d’entrer en possession de son héritage.

» — Je peux bien, ajoutait-il, donner aux convenances et à l’exaltation inquiétante de ma belle-sœur une année, s’il le faut, pour que la vérité s’établisse.

» C’est ainsi qu’il parla à mon père, à Stockholm, où il retourna aussitôt, et je me souviens que mon père lui reprocha l’excès de sa confiance et de sa délicatesse. Il pensait que la baronne Hilda avait inventé cet enfant posthume. Ce n’est pas la première fois qu’une veuve eût supposé un héritier pour dépouiller de ses droits l’héritier légitime. Le baron répondait avec une mansuétude infinie :

» — Que voulez-vous ! je suis las des soupçons odieux que cette femme exaspérée cherche à faire peser sur moi. Le meilleur démenti que je puisse lui donner, c’est de montrer un désintéressement excessif, et même, pour que sa haine ne me poursuive pas jusqu’ici, ce que j’ai de mieux à faire jusqu’à nouvel ordre, c’est de voyager.

Le baron Olaüs partit peu de temps après pour la Russie, où il fut reçu avec distinction par la czarine, et où il commença à nouer des intrigues qui,