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de mauvaise foi ; mais il avait supprimé le honteux régime des étrivières pour les laquais et les restes humiliants du servage de ses paysans. Si le Dalécarlien est généralement bon, il n’est rien moins qu’ami des lumières. Beaucoup d’entre les paysans avaient quelque peine à préférer la dignité personnelle aux vieux abus.

» Un jour, un malheureux jour en vérité, le baron fut forcé par ses affaires de se rendre à Stockholm, et comme c’était le temps des pluies d’automne qui rendent les chemins difficiles, souvent impraticables, il dut laisser sa femme dans son château. En revenant la trouver au bout de la quinzaine, le baron Adelstan fut assassiné dans les gorges de Falun. Il voyageait à cheval, et, dans son impatience de revoir sa chère Hilda, il avait pris les devants, laissant ses gens achever un repas qui lui semblait trop long. Il avait alors trente-trois ans. Sa veuve en avait vingt-quatre.

» Ce meurtre fit grand bruit, et frappa tout le pays de stupeur. Bien que les passions de nos Dalécarliens soient, dans certaines localités, assez farouches, et que de ce côté-ci, dans la montagne, le duel norvégien au couteau ait encore beaucoup de partisans, l’assassinat lâche et mystérieux est presque sans exemple. On n’osait, on ne pouvait réellement