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teurs et voisins commençaient à oublier Olaüs en dépit des lettres fréquentes et souvent inutiles qu’il écrivait pour se donner le plaisir de signer le pauvre exilé. Le pasteur Mickelson, ministre de cette paroisse dont vous avez dû voir l’église à une demi-lieue d’ici, fut le plus fidèle à la cause d’Olaüs. Olaüs s’était toujours montré fort pieux. Adelstan avait des principes de tolérance qui blessaient le luthéranisme un peu fanatique du pasteur. Il avait notamment voulu retrancher du service divin le bâton du bedeau, chargé de réveiller les gens qui s’endorment au sermon. La cause fut portée devant l’évêque, qui fit transiger les deux parties. Le bedeau fut autorisé à chatouiller d’une houssine le nez des dormeurs ; il dut abandonner la canne dont il avait coutume de les frapper. Le pasteur ne pardonna cependant pas au baron Adelstan, et surtout à la jeune baronne, qui s’était, dit-on, moquée de cette dévotion dalécarlienne imposée à coups de bâton, une atteinte portée à son pouvoir. Il ne cessa de harceler le jeune iarl et sa femme, et d’exciter contre eux les paysans, très-portés à l’intolérance religieuse.

» Cependant le jeune couple poursuivait ses essais de civilisation dans son domaine. Le baron était sévère contre les abus, et chassait sans pitié les gens