dis confié à la garde du lunatique Ulphilas, je ne serais averti de rien. Quant à Nils, je vous l’ai dit, c’est un domestique que Gertrude m’a donné pour m’enseigner le métier de valet de chambre. Donc, voyant que, depuis sept grandes heures, j’étais à jeun, je me lève, je prends le flambeau, je passe dans cette salle, je m’approche de cette table, j’y trouve les mets apportés par vous, et, attribuant à Ulphilas ce tardif bienfait, je me livre avec une sorte de voracité à la satisfaction de mon appétit.
» Vous savez déjà, mon cher Christian, que cette masure est réputée hantée par le diable, c’est du moins l’opinion des orthodoxes du pays, par la raison qu’elle a servi, dit-on, récemment de chapelle à une dame catholique, la baronne Hilda, veuve d’Adelstan, le frère aîné…
— Du baron Olaüs de Waldemora, dit Christian : le catholicisme est-il à ce point en horreur aux Dalécarliens ?
— Autant, répondit M. Goefle, que la religion réformée leur fut odieuse avant Gustave Wasa. Ce sont des gens qui n’aiment et ne haïssent rien à demi. Quant au démon qui hante le Stollborg, le vieux Stenson n’y croit pas, mais il croit fort bien à la dame grise, qui, selon lui, ne serait autre que l’âme