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rement. Vous savez bien, M. Jacques Potin, à qui vous avez rendu des services…

— Oui, oui, un charmant garçon !

— Charmant, non ! Il est bossu !

— Charmant au moral ! La bosse n’y fait rien.

— C’est vrai, c’est un homme distingué, qui nous a dit de vous tant de bien, que j’ai résolu de vous voir en cachette de ma tante. Mademoiselle Potin, qui s’enquiert adroitement de toutes choses, a su le jour et l’heure auxquels vous étiez attendu au château neuf. Elle a guetté votre arrivée, elle a su que, trouvant trop de monde au château neuf, vous alliez prendre gîte au Stollborg. Elle m’a avertie du regard comme j’achevais ma toilette de bal sous les yeux de ma tante. Alors ma tante, ayant à s’habiller elle-même, ce qui prend toujours deux heures au moins, est passée dans son appartement. Mademoiselle Potin est restée dans le mien, afin d’inventer des prétextes pour me dispenser de paraître devant la comtesse au cas où celle-ci me demanderait. Je me suis glissée par un escalier dérobé jusqu’au bord du lac, où Potin avait dit à mon fidèle Péterson de m’attendre avec le traîneau, et me voilà ! Mais, écoutez ! il me semble que les fanfares du château neuf annoncent l’ouverture du bal. Il faut que je me sauve bien vite ! Et puis ce pauvre cocher qui se gèle à m’attendre ! Adieu, mon-