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— Allons, allons ! lui dit-il en le secouant. Tu as mangé, tu dormiras plus tard ! Songe à me servir ; va voir si Ulph…

Mais il était inutile à M. Goefle de formuler sa pensée. Accablé par l’impérieux sommeil de l’enfance, Nils était debout, les yeux hagards, et trébuchant comme un homme ivre. M. Goefle en eut pitié.

— Allons, va te, coucher, dit-il, puisque tu n’es bon à rien !

Nils s’en alla vers la chambre de garde, s’appuya contre la porte, et y resta, dormant debout. Il fallut le conduire à son lit. Là, ce fut un autre embarras. Monsieur n’avait pas la force d’ôter ses guêtres. M. Goefle ôta les guêtres de son laquais, ce qui ne fut pas facile, les guêtres étant justes et les jambes amollies par le sommeil.

M. Goefle allait le hisser dans son lit lorsqu’il s’aperçut que le drôle s’y était fourré tout habillé.

— Que le diable t’emporte ! lui dit-il ; t’ai-je fait faire d’avance ces beaux habits neufs pour coucher avec ? Allons, vite, debout, et prends la peine de te déshabiller, c’est bien le moins !

Nils, remis, bon gré, mal gré, sur ses pieds, fit d’inutiles tentatives pour se déboutonner. La tante Gertrude, charmée d’avoir un crédit ouvert pour le faire équiper en petit laquais avant de le présenter à