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pirs de terreur avaient un écho moqueur derrière lui, qu’il resta trois bonnes minutes sans oser respirer, et encore moins se retourner.

C’était là la cause de son peu d’activité dans la confection de ce repas tant désiré. Enfin, ayant, tant bien que mal, parachevé son œuvre, il descendit à la cave pour y chercher le vin. Là de nouvelles angoisses l’attendaient. Au moment où, convenablement chargé, il allait sortir de ce sanctuaire, une grande figure noire glissa devant lui. Sa lanterne s’éteignit, et les mêmes pas mystérieux qui l’avaient tant effrayé dans la cuisine montèrent rapidement avant lui les degrés de la cave. Ulph faillit s’évanouir ; mais il reprit encore une fois courage et regagna sa cuisine, où il laissa ses casseroles mijoter leur contenu sur les fourneaux, résolu d’aller, sous prétexte de couvert à mettre, se guérir de son effroi auprès de M. Goefle.

C’est au moment où, chargé de ses ustensiles de service, il suivait la galerie de bois, qu’il se trouva face à face avec la bizarre apparition que présentait le docteur en droit, coiffé de son bonnet de nuit, et tirant par le licol un animal étrange, impossible, une bête qu’en véritable paysan dalécarlien de cette époque, Ulph n’avait jamais vue, dont peut-être il n’avait jamais entendu parler, et sur cette bête, qui