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M. Goefle. Sten était fort sobre ; mais il était l’objet des plus grandes attentions de la part de son maître, le baron de Waldemora (propriétaire, comme on l’a vu, du château neuf et du vieux donjon), qui avait donné, une fois pour toutes, les ordres les plus précis à son nouvel intendant pour qu’il fût pourvu largement au bien-être du vieux et fidèle serviteur de sa maison.

Ulph aimait à bien vivre, et, remarquant que son oncle renvoyait, par discrétion et par esprit d’ordre, le superflu des provisions qu’on lui apportait du château neuf, il s’était arrangé pour tout recevoir sans l’en avertir. Il avait donc un certain coin mystérieux dans la cuisine où il cachait ses richesses gastronomiques, et une certaine petite cave, creusée dans le roc, bien fraîche en été, bien tiède en hiver, où s’amoncelaient, derrière certaines tonnes vides, des bouteilles de vieux vins, objets d’un grand prix, à coup sûr, dans une contrée où la vigne est une plante de serre chaude.

Ulph n’était pas cupide ; c’était un honnête garçon qui, pour rien au monde, n’eût fait argent des présents du baron à son oncle. Même il avait le cœur bon, et, quand il pouvait retenir un camarade, il lui faisait part mystérieusement de ses dives bouteilles, heureux de ne pas être forcé de boire seul, ce qui