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de faire quelques centaines de lieues sans un denier en poche. Je promis à Guido d’en trouver le moyen, et le priai de me laisser seulement quelques jours de repos pour guérir ma blessure, qui s’envenimait cruellement.

» — Cherche ta vie en attendant, lui dis-je ; je resterai là, avec un pain, dans un trou de rocher, auprès d’une source. C’est tout ce qu’il faut à un homme qui a la fièvre. Donnons-nous rendez-vous quelque part ; je t’y joindrai quand je pourrai marcher.

» Il refusa de me quitter, et se fit mon pourvoyeur et mon garde-malade avec tant de zèle et de soins ingénieux pour conjurer la souffrance et la misère, que je ne pus me défendre d’une sincère reconnaissance. Trois jours après, j’étais sur pied, et j’avais réfléchi.

» Voici le résultat de mes réflexions. Nous n’avions rien de mieux à faire que de montrer les marionnettes. Seulement, il fallait rendre le métier plus lucratif et moins vulgaire. Il fallait sortir de l’éternel drame de Pulcinella, et improviser à deux, sur des canevas tout aussi simples, mais moins rebattus, des saynètes divertissantes. Guido avait plus d’esprit qu’il n’en fallait pour cet exercice, et, au lieu de s’y livrer avec ennui et dégoût, il comprit