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savoir en subir les conséquences. Moi, je suis décidé à gagner la France par Gênes, ou l’Allemagne par Venise. J’irai à pied, récoltant ma vie comme je pourrai. Une fois dans une grande ville, hors de l’Italie, où je courrais toujours le danger de tomber, à la moindre imprudence, dans les mains de la police napolitaine, j’aviserai à trouver un emploi. J’écrirai au cardinal pour me justifier, à mes amis pour leur demander des lettres de recommandation, et je crois qu’après un peu de misère et d’attente je me placerai honorablement. Si tu veux me suivre, suis-moi ; je t’aiderai de tout mon pouvoir à faire comme moi, c’est-à-dire à travailler pour vivre honnêtement.

» Guido parut si bien décidé et si bien converti, que je ne me défendis plus de l’attrait de son intimité. J’avais pourtant bien remarqué qu’il n’y a souvent rien de plus aimable qu’une franche canaille, et que les caractères les plus sociables sont parfois ceux qui manquent le plus de dignité ; mais il y a en nous un sot amour-propre qui nous fait croire à notre influence sur ces malheureux esprits-là, et, quand ils nous prennent pour dupes, c’est aussi bien notre faute que la leur.

Tous ces préliminaires étaient inévitables pour vous raconter sans autre réflexion ce qui va suivre.

» Il s’agissait donc de quitter l’Italie, c’est-à-dire