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bonnet à lui sur la tête, me jeta une guenille rouge sur les épaules, me passa de l’ocre sur la figure ; puis, dès que la toile fut baissée :

» — Goffredi, me dit-il à l’oreille, prends le théâtre sur ton dos et suis moi.

» En effet, nous traversâmes ainsi la place et sortîmes du village sans être inquiétés. Nous marchâmes toute la nuit, et, avant que le jour parût, nous étions dans la campagne de Rome.

— Quel était donc, dit M. Goefle, cet ami dévoué ?

— C’était un fils de famille, nommé Guido Massarelli, qui se sauvait, comme moi, du royaume de Naples. Son affaire était moins grave : il ne se soustrayait qu’à ses créanciers ; mais il ne me valait pourtant pas, monsieur Goefle, je vous en réponds ! Et cependant c’était un aimable jeune homme, un garçon instruit et spirituel, une nature séduisante au possible. Je l’avais connu intimement à Naples, où il avait mangé son héritage et s’était fait beaucoup d’amis. Fils d’un riche commerçant et doué de beaucoup d’intelligence, il avait reçu une bonne éducation. Il s’était lancé, comme moi, dans un monde qui devait le mener trop vite ; il s’était vu bientôt sans ressources. Je l’avais nourri pendant quelque temps ; mais, ne se contentant plus d’une existence modeste et ne se sentant pas le courage de tra-