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tention d’un assez nombreux auditoire. Je m’étais à peine glissé dans cette petite foule, que je vis les gardes en faire le tour et y jeter des regards pénétrants. Je me faisais le plus petit possible, et j’affectais de prendre grand intérêt aux aventures de Polichinelle, pour ne pas étonner les voisins qui me coudoyaient, lorsqu’une idée lumineuse surgit dans ma tête surexcitée. Bien conseillé par le danger qui me presse, je m’insinue toujours plus avant dans le groupe compacte et inerte que les gardes s’efforçaient de percer. J’arrive ainsi à toucher la toile de la baraque ; je me baisse peu à peu ; tout à coup je me glisse sous cette toile comme un renard dans un terrier, et je me trouve blotti presque entre les jambes de l’operante ou recitante, c’est-à-dire de l’homme qui faisait mouvoir et parler les marionnettes ?

» Vous savez ce que c’est, monsieur Goefle, qu’un théâtre de marionnettes ?

— Parbleu ! J’ai vu à Stockholm dernièrement celui de Christian Waldo.

— Vous l’avez vu… en dehors ?

— Seulement ; mais je me doute bien de l’intérieur, quoique celui-ci m’ait paru assez compliqué.

— C’est un théâtre à deux operanti, soit quatre mains, c’est-à-dire quatre personnages en scène ; ce