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Et Puffo s’en alla avec la lanterne, assez mécontent de son patron, lequel avait bien quelques motifs de soupçonner sa probité, ayant trouvé parfois, dans son bagage d’artiste ambulant, divers objets dont Puffo lui avait assez mal expliqué la soudaine propriété.

Ce n’était pourtant pas sans raison que, de son côté, Puffo avait accusé Cristiano d’être bavard. Il était du moins grand causeur, comme tous les hommes doués d’une forte vitalité intellectuelle et physique. Puffo subissait l’ascendant d’un esprit et d’un caractère infiniment supérieurs à sa faconde triviale et à ses instincts grossiers. Il était plus robuste du corps, et, lorsque Cristiano menaçait, lui grand et mince, ce Livournais trapu et musculeux, il comptait sur son influence ou sur son agilité plus que sur sa vigueur corporelle, qui, bien que notable, était moindre.

Cristiano, resté seul, s’abandonna à son innocente prédilection pour son âne. Il l’avait débarrassé de son bagage dès son entrée dans la salle de l’ourse. Il rangea dans un coin ce bagage, qui consistait en deux caisses assez grandes, en un faisceau de légers montants de bois blanc avec leurs traverses démontées, enfin en un ballot de toiles et de tapisseries assez fraîches, bien roulées dans un fourreau de cuir.