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cérité en ce moment ; mais il se pouvait que ce ne fût qu’un de ces spéculateurs hardis qui vont au-devant des nécessiteux dans l’espoir de les rançonner plus tard. Je le remerciai froidement et partis les mains presque vides.

» Je ne m’embarrassais guère de ce que j’allais devenir. Il ne fallait plus songer aux voyages, mais bien à trouver un emploi quelconque pour vivre. Quoique, depuis longtemps, il ne m’eût pas été permis de continuer à m’instruire, grâce à une excellente mémoire je n’avais rien oublié. Mes petites connaissances étaient assez variées, et les éléments des choses étaient assez positifs dans ma tête pour qu’il me fût possible d’entreprendre avec succès l’éducation particulière d’un jeune garçon. Je désirai surtout cette fonction dans l’espoir que j’avais de continuer mes études en prenant sur mon sommeil.

» Mon père avait eu les relations les plus honorables dans la province que nous habitions ; mais, chose étrange, ma conduite à l’égard de madame Goffredi fut jugée romanesque et peu digne d’un homme sérieux. Je m’étais laissé ruiner ; c’était tant pis pour moi ! j’avais mauvaise grâce à demander un emploi, moi, connu pour un dissipateur aveugle, pour une espèce de fou ! Je ne devais donc pas songer à être placé à Pérouse. À Rome, un des amis de