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et qui peut-être étaient une seule et même famille, ou une seule et même personne. Je n’ai connu pour véritables parents adoptifs que le signor Goffredi, antiquaire et professeur d’histoire ancienne à Pérouse, et son excellente femme Sofia Goffredi, que j’ai aimée comme une mère.

— Mais d’où et de qui ces braves Goffredi vous tenaient-ils en dépôt ? Ils ont dû vous le dire…

— Ils ne l’ont jamais su. Ils possédaient une petite fortune, et, n’ayant pas d’enfants, ils avaient plusieurs fois manifesté l’intention d’adopter un pauvre petit orphelin. Un soir de carnaval, un homme masqué se présenta devant eux et tira de dessous son manteau l’individu qui a l’honneur de vous parler, lequel ne se souvient pas le moins du monde de l’aventure et ne put rien expliquer, vu qu’il parlait une langue que personne ne pouvait comprendre.

— Mais, dit l’avocat, qui écoutait ce récit avec l’attention qu’il eût apportée à examiner une cause judiciaire, quelles paroles prononça l’homme masqué en vous présentant au professeur Goffredi et à sa femme ?

— Les voici telles qu’on me les a rapportées : « Je viens de loin, de très-loin ! Je suis pauvre, j’ai été forcé de dépenser en route une partie de l’argent qui