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déjà quelques mots dalécarliens, et qui se sentit menacé d’une terrible révélation.

— Oui, monsieur, cheval moi-même, reprit Ulf avec résignation ; mais le traîneau…

— Quoi, le traîneau ? dit le docteur ; l’as-tu nettoyé ? as-tu pansé mon cheval ?

Le mot cheval frappant encore l’oreille de Cristiano, il se tourna vers Ulf et le regarda à la dérobée d’une si terrible manière, que le pauvre hébété perdit la tête, bégaya et répondit :

— Oui, oui, monsieur, cheval, traîneau ! Soyez tranquille.

— Or donc, déjeunons ! dit le docteur rassuré. Apporte-nous du tabac, Ulf, et laisse la bouilloire tranquille. Nous ferons le thé nous-mêmes.

Ulf se pencha vers le poêle pour poser convenablement sa bouilloire. Cristiano l’y suivit, comme pour surveiller l’opération, et, se penchant vers lui, il lui dit en dalécarlien, dans l’oreille, avec un nouveau regard terrifiant : Cheval, traîneau, château neuf, vite ! Ulf s’imagina que, dans son reste d’ivresse, il avait déjà reçu des ordres qu’il avait oublié d’exécuter. Il se hâta d’aller chausser ses patins, et courut au château neuf pour se mettre en quête de Loki au travers du tumulte des écuries, encombrées de palefreniers et de quadrupèdes.