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— C’est bien ça. Voilà les cartes, et ici, ajouta-t-il en enjambant lestement l’escalier de bois et en soulevant la carte de Suède qui se présentait devant lui, voilà l’endroit muré. C’est bien, Puffo, ne nous désolons pas. La chambre est bien close, et nous y dormirons comme des princes.

— Je n’y vois pourtant pas… Ah ! si fait, voilà un lit ; mais il n’y a ni matelas, ni couchette, et on nous avait parlé de deux bons lits !

— Sybarite ! il te faut des lits partout, à toi !… Voyons, regarde s’il y a du bois dans le poêle, et allume le feu.

— Du bois ? Non, il y a de la houille.

— C’est encore mieux. Allume, mon garçon, allume ! Moi, je vais m’occuper de ce pauvre Jean.

Et, prenant un lambeau de tapis qui traînait devant le poêle, le patron se mit à frotter l’âne si résolument, qu’en peu d’instants il se sentit tout réchauffé lui-même.

— On m’avait bien averti, dit-il à Puffo, qui allumait le poêle, qu’au delà du 52e degré les ânes souffraient du froid ; mais je ne le croyais pas. Je me disais que l’âne était moins délicat que le cheval, qui vit en Laponie… et, d’ailleurs, celui-ci est d’une si belle santé et d’un si bon caractère !… Espérons qu’il fera comme nous et qu’il n’en mourra pas