— Il en sera peut-être de même en grec et en allemand ? reprit Cristiano, qui se mit à parler la langue morte et la langue vivante avec la même aisance et la même correction, mêlant à ces échantillons de son savoir des citations qui montraient en lui un homme versé dans les littératures anciennes et modernes.
— Bravo ! s’écria le docteur ; vous êtes un garçon fort instruit, je vois ça. Et le français, le savez-vous aussi ?
— Le français et l’anglais à votre service, répondit Cristiano : on m’a fait apprendre tout cela, et mon goût me portait à l’étude des langues.
— Eh bien, racontez en français, dit M. Goefle, qui n’était guère moins polyglotte que Cristiano ; j’aime l’Italie, mais j’adore la France ! c’est notre alliée, utile ou non ; c’est surtout l’antithèse de l’esprit russe, que j’ai en exécration.
— Vive Dieu ! et moi aussi, je suis antirusse, depuis que je suis en Suède, et particulièrement depuis hier au soir ; mais, à présent, j’ai à vous prier, monsieur le docteur, de ne pas me prendre pour un pédant : si j’ai osé faire montre de mes petites connaissances devant un professeur de la faculté de Lund, c’est qu’en remarquant la manière dont je découpais proprement le jambon, vous vous étiez