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— Qui sent l’accident et non la misère, répondit tranquillement l’aventurier. Il y a huit jours, j’étais fort proprement nippé, et je n’aurais pas été embarrassé de me présenter au bal.

— C’est possible, répondit M. Goefle en s’asseyant et en commençant à manger à belles dents, de même qu’il est fort possible que vous me prépariez un de ces contes où excellent les aventuriers en voyage. Ça m’est égal, pourvu que le vôtre soit amusant !

— Voyons, dit Cristiano en souriant, dans quelle langue souhaitez-vous que je fasse mon récit ?

— Parbleu ! en suédois, puisque c’est votre langue ! Vous êtes Suédois, et même Dalécarlien, je le vois bien à votre figure.

— Je ne suis pourtant pas Suédois, mais plutôt Islandais.

— Plutôt ?… vous n’en êtes pas sûr ?

— Pas le moins du monde. Aussi, comme le latin est la langue universelle, si vous voulez… Et Cristiano se mit à parler un latin élégant et correct avec la plus grande facilité.

— C’est très-bien, cela ! dit l’avocat, qui l’écoutait avec une bienveillante attention ; mais votre prononciation italienne me retarde un peu pour vous suivre en latin.