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— Ah ! oui-da ! reprit l’avocat, vous voilà reparti pour le pays des songes ?

— Eh bien, quoi ? Est-ce que l’aurore boréale dure encore ? lui demanda Cristiano, évidemment bercé par de riantes visions dans son demi-sommeil.

— Où prenez-vous l’aurore boréale à cette heure-ci ? dit M. Goefle. Le soleil va se lever tout à l’heure !

— Le soleil ? Qui parle de soleil au milieu d’un bal ? murmura Cristiano de cette voix particulièrement douce d’un dormeur qui semble supplier et cajoler pour obtenir la paix.

— Oui, oui, le bal, mon habit, le soleil, ma culotte, l’aurore boréale, c’est très-logique, reprit M. Goefle, et tout cela s’enchaîne très-bien dans vos rêves, mon bon ami ; mais je voudrais de meilleures raisons, et je vais vous secouer jusqu’à ce que vous soyez en état de plaider un peu mieux votre cause.

Le bon Cristiano se laissa secouer avec une incomparable mansuétude. L’habitude qu’il avait prise de dormir n’importe sur quelle planche, soit en mer par tous les temps, soit sur les chemins dans toute espèce de véhicule, lui faisait trouver assez agréable le soin que prenait l’avocat de le bercer rudement, comme pour lui donner l’agréable conscience du repos de ses facultés. Peu à peu, cependant, l’idée lui