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vin Osburn, mon meilleur ami, qui certainement partage ma sympathie pour vous. Eh bien, lieutenant, quelles nouvelles de l’homme de neige ? Est-ce que le dégel approche ?

— Non, ce n’est rien, répondit le lieutenant ; du moins, il prétend que ce n’est rien. Il s’est retiré un instant dans ses appartements, puis il a reparu si frais, que je le soupçonne d’avoir mis quelque fard sur ses joues blêmes. C’est égal, il a l’œil éteint et la parole embarrassée. Je me suis approché de lui par curiosité, ce qu’il a pris pour une marque d’intérêt, et il a daigné me dire qu’il souhaitait qu’on dansât et qu’on ne s’occupât point de lui davantage. Il est resté assis dans le grand salon, et ce qui me prouve qu’il est plus mal à l’aise qu’il n’en convient, c’est qu’il paraît avoir absolument oublié l’accès de rage qui l’a mis en si bel état, et que personne autour de lui n’ose lui en rappeler la cause.

— Alors le bal va reprendre son entrain, dit le major, et vous verrez qu’on s’amusera plus qu’auparavant. Il semble que l’on veuille s’étourdir ici sur quelque prochaine catastrophe, ou que les héritiers qui se trouvent là ne puissent contenir leur joie de voir que, depuis quelque temps, le baron paraît très-malade… Mais dites-nous donc, Christian Goefle, quelle mine vous avez faite à notre aimable baron, ou