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son anneau. La comtesse Elfride accourut, et, voyant la soudaine guérison de sa nièce, elle entra dans une colère que, cette fois, elle ne put maîtriser.

— Ma chère Marguerite, lui dit-elle d’un ton bref et vibrant, vous faites de grandes imprudences ; vous oubliez que vous avez une entorse, et qu’il est fort dangereux de la mener de ce train-là. Je viens de consulter le médecin de la maison : il vous commande le repos pour cette nuit ; veuillez donc vous retirer avec votre gouvernante, qui vous mettra au lit avec des compresses. Vous n’avez rien de mieux à faire, croyez-moi.

Et elle ajouta tout bas :

— Obéissez !

Marguerite devint pâle, de rouge qu’elle était, et soit contrariété, soit chagrin, elle ne put retenir deux grosses larmes qui brillèrent au bout de ses longs cils et coulèrent le long de ses joues. La comtesse Elfride lui prit vivement la main, et l’emmena en lui disant à voix basse :

— Vous avez juré de ne faire aujourd’hui que des sottises. Il faut les expier. Je vous avais pardonné de ne pas danser avec le maître de la maison : on pouvait vous croire souffrante, en effet ; mais danser avec un autre, c’est faire au baron, de propos dé-