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mes sentiments et le bon témoignage de ma conscience.

Marguerite parlait avec feu. Animée par la danse, elle mettait tout son cœur en dehors ; son âme généreuse et romanesque était dans ses yeux brillants, dans son sourire radieux, dans son attitude d’oiseau impatient de repartir vers les nues, dans ses beaux cheveux blonds, qui semblaient se rouler en serpents animés sur ses blanches épaules, dans le son ému de sa voix, enfin dans tout son charmant petit être. Cristiano en eut un éblouissement, et, ne sachant plus ce qu’il disait, il jeta, comme au hasard du rêve, cette bizarre question à Marguerite :

— Pourtant vous n’aimerez jamais qu’un homme de votre rang, et si, en dépit de vous-même, votre cœur parlait pour un pauvre diable, pour un homme sans nom… et sans avoir… pour Christian Waldo, je suppose… vous auriez une grande honte et vous vous croiriez tout à fait brouillée avec votre conscience ?

— Christian Waldo ! dit Marguerite ; pourquoi Christian Waldo ? Vous faites choix d’un exemple bizarre !

— Extrêmement bizarre, et je le fais à dessein. Lorsqu’on procède par antithèse… Voyons, voici celle que je vous soumets : je suppose que ce Chris-