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— À minuit ? dit Cristiano en regardant la pendule. Le pauvre diable doit être endormi ! Je croyais que la comtesse Marguerite avait à entretenir l’assistance d’un projet plus sérieux.

— Oui, au fait, s’écria Marguerite, j’ai à vous proposer un petit bal entre nous. Je suis ici une nouvelle venue, une vraie sauvage, je m’en confesse ; je ne suis connue de vous que depuis deux ou trois jours ; mais toutes les personnes que je vois ici m’ont fait tant d’accueil et de bonnes prévenances, que j’ai le courage d’avouer… ce que M. Goefle va avoir l’obligeance de vous dire.

— Voici le fait, reprit Cristiano : la comtesse Marguerite est, comme elle vous l’a dit elle-même, une vraie sauvage. Elle ne sait rien au monde, pas même danser ; elle est disgracieuse au possible, et boiteuse au moins autant que notre illustre maître Stangstadius. En outre, elle est lourde, distraite, myope… Enfin, pour se résigner à danser avec elle, il faut une dose de charité vraiment chrétienne, car…

— Assez, assez ! s’écria en riant Marguerite, vous faites les honneurs de ma personne avec une rare humilité ; mais je vous en remercie. On doit maintenant s’attendre à quelque chose de si affreux, que, pour peu que je m’en tire à peu près convenablement, on sera enchanté de moi. La conclusion est