Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/165

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Eh bien, c’est convenu, j’accepte avec reconnaissance. Attendons jusqu’à minuit. Nous organiserons, avec ces messieurs et ces demoiselles qui sont ici, un petit bal à part, dans un bout de la galerie, et peut-être que ma tante, qui danse dans le grand salon avec les plus gros personnages du pays, ne s’apercevra pas de la prompte guérison de mon entorse.

Cristiano commençait à babiller pour son compte avec l’aimable fille, et, un peu exalté par le champagne, sa gaieté tournait insensiblement à la sentimentalité, lorsqu’un nom prononcé tout haut près de lui le fit tressaillir et se retourner vivement.

— Christian Waldo ? disait un jeune officier à figure ouverte et enjouée ; qui l’a vu ? où est-il ?

— Oui, au fait ! s’écria Cristiano en se levant, où est-il, Christian Waldo, et qui l’a vu ?

— Personne, répliqua-t-on d’une autre table. Qui a jamais vu la figure de Christian Waldo, et qui la verra jamais ?

— Vous ne l’avez pas vue, vous, monsieur Goefle ? dit Marguerite à Cristiano ; vous ne le connaissez pas ?

— Non ! Qu’est-ce donc que ce Christian Waldo, et d’où vient que sa figure est impossible à voir ?