Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/160

Cette page n’a pas encore été corrigée

à Marguerite, il la trouvait stupide d’hésiter à s’enrichir par un mariage quelconque. Il l’épargnait cependant un peu, et avouait qu’elle lui semblait plus aimable que les autres, parce qu’elle était éprise de lui, preuve de bon sens, mais dont il n’avait que faire, vu que la science était sa femme et sa maîtresse en même temps.

— En vérité, monsieur le professeur, lui dit Cristiano, vous me semblez un homme admirablement complet dans votre merveilleuse logique.

— Ah ! je vous en réponds, reprit M. Stangstadius. Je suis un autre gaillard que votre baron Olaüs, dont les sots admirent la force et le sang-froid !

— Mon baron ? Je vous jure que je ne veux rien de lui.

— Moi, je n’en dis ni mal ni bien, répliqua le professeur. Tous les hommes sont plus ou moins de pauvres sires ; mais celui-là n’a-t-il pas la prétention d’être un esprit fort et de n’avoir jamais rien aimé ?

— Aurait-il réellement aimé quelqu’un ? Sa physionomie serait bien trompeuse.

— Je ne sais s’il a aimé sa femme pendant qu’elle était en vie. C’était une méchante diablesse.

— C’était peut-être de l’admiration qu’il avait pour elle ?

— Qui sait ? Elle le menait comme elle voulait.