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seul homme que je connusse ici quand j’y suis arrivée, car il faut vous dire que le baron Olaüs lui a confié des travaux à diriger dans son domaine ; mais j’aperçois ma tante, qui me cherche et qui va me gronder, vous allez voir !

— Voulez-vous l’éviter ? Passez entre la muraille et ce trophée de chasse.

— Il faudrait que Potin y passât aussi, et nous ne pourrons jamais persuader à M. Stangstadius de ne pas nous trahir. Hélas ! ma tante va me tourmenter pour que je danse avec le baron ; mais je m’obstinerai à être boiteuse, bien que je le sois si peu, que je ne m’en aperçois pas.

— Vous ne l’êtes pas du tout, j’espère ?

— Si fait. J’ai eu le bonheur de tomber devant elle, tout à l’heure, dans l’escalier. J’ai eu, pour tout de bon, un peu de douleur à la cheville, et j’ai fait pas mal de grimaces pour prouver qu’il m’était impossible d’ouvrir la danse noble avec le maître de la maison. Ma tante a dû me remplacer, et voilà pourquoi je suis ici ; mais c’est fini ; elle arrive !

En effet, la comtesse Elfride d’Elvéda s’approchait, et Cristiano dut s’éloigner un peu de Marguerite, auprès de laquelle il s’était assis.

La comtesse était une petite femme grasse, fraîche, vive, décidée, à peine âgée de trente-cinq ans,