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la plus minime circonstance, et, quand il parlait de lui-même, il ne supposait jamais que l’on pût se lasser de l’écouter.

Marguerite, qui savait par cœur le récit de l’événement, put n’y pas prêter grande attention et s’entretenir quelques moments à voix basse avec mademoiselle Potin. Le résultat de cette courte conférence, que Cristiano remarqua fort bien, fut bientôt visible pour lui. La bonne Potin saisit au vol le moment où le vieillard finissait son histoire et allait s’embarquer dans une autre, pour lui demander avec une insidieuse candeur l’explication d’un paragraphe qu’elle prétendait n’avoir pu comprendre dans son dernier ouvrage.

Cristiano admira le génie inventif de la femme en voyant avec quelle chaleur le savant s’absorba dans une discussion avec la gouvernante, tandis que les yeux de Marguerite disaient clairement au jeune homme :

— Je meurs d’envie de vous parler !

Il ne se le fit pas dire deux fois, et la suivit à l’autre extrémité du petit hémicycle, où elle s’assit sur une banquette, tandis que, debout auprès d’elle, en dehors de l’embrasure et dans une attitude respectueuse, il la masquait adroitement aux regards des allants et venants.