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et il profita de ce qui lui sembla être un répit pour essayer de se faire une idée du monde qui s’agitait devant ses yeux.

Il s’était attendu à des étonnements auxquels rien ne donna lieu. Au premier abord, la réunion n’avait pas le caractère particulier que son imagination s’était promis. Le siècle appartenait, à cette époque, à Voltaire, et, par contre-coup, à la France. À l’exemple de presque tous les souverains de l’Europe, les hautes classes de presque toute l’Europe avaient adopté la langue et en apparence les idées de la France philosophique et littéraire ; seulement, comme le goût, la logique et le discernement ne sont jamais que le partage du petit nombre, il résultait de cet engouement pour nos idées beaucoup d’inconséquences. Ainsi les usages et les mœurs se ressentaient beaucoup plus souvent de la corruption et de la mollesse de Versailles que des studieux loisirs de Ferney. La France était une mode, tout comme la philosophie. Arts, costumes, monuments, bon ton, manière d’être ou de paraître, tout était une copie plus ou moins réussie de la France dans ce qu’elle avait à ce moment de bon et de mauvais, de splendide et de mesquin, de prospère et de fâcheux. C’était une de ces époques caractéristiques où le progrès et la décadence semblent se donner la main,